Adieu originalité et qualité, bonjour médiocrité et platitude

Alors, docteur, votre diagnostic ? C'est grave ?

Eh bien plutôt, oui. Apparemment, une médiocrité aiguë atteint petit à petit chaque membre et organe de la société. Enfin les radios que j'ai effectuées ciblaient particulièrement les couches culturelles et artistiques du corps. Mais tout est atteint je pense, ou du moins une grande partie. La qualité et l'audace, celle qui n'a pas besoin de la provocation, se font rares.
Prenez la musique par exemple, les nouveaux intervenants n'ont aucun talent, ou très peu, et encore moins d'originalité, tant par rapport à leurs prédécesseurs qu'à leurs contemporains. Et les anciens justement, j'entends bien sûr ceux qui sont encore là, n'arrivent plus à avancer, à innover ou ne serait-ce qu'à fournir du travail de qualité. Ça sent le réchauffé à tous les étages. Et de fortes nausées sont à craindre.
Les acteurs ne font pas mieux. Il vous faudra au moins une bonne journée de réflexion avant de me citer un/e comédien/ne vraiment talentueux. Essayez toujours.
Les sculpteurs et les peintres restent en forme(s) je suppose, au moins globalement, mais on les croise rarement. Et trouve-t-il réellement encore de l'inspiration ?
Beaucoup d'écrivains se débattent pour être épargnés par le fléau. Certains y parviennent. Mais les vrais poètes et authentiques aventuriers se font rares.
Ne parlons pas des humoristes et des réalisateurs, qui sont en phase terminale.
En un mot ou presque, Mesdames et Messieurs, vouloir participer à l'art est un noble but quand c'est fait avec conviction, mais si vous n'avez rien à exprimer, vous n'avez pas besoin de le faire.

C'est triste, docteur.

Il y a fort heureusement quelques exceptions, après tout, mais je suis un généraliste.

Quel traitement préconisez vous ?

Il n'y a pas grand chose à faire. Le malade est comme le lait, il va vers le pis. A moins qu'à l'avenir chacun prenne le temps et du recul avant de publier ou lancer quoi que ce soit. Mais les participants et le public ne semblent pas y être très disposés. 

Vous voulez dire que certains patients aiment souffrir ?

Il faut croire, même si on ne le souhaite pas.

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